Comment être un bon Parent de joueur(euse)

Pas toujours facile d’être le parent d’un jeune sportif

En tant que parent & supporter, comment ne pas perturber son enfant dans sa pratique et son environnement tout en étant proche de lui et en l’accompagnant sur les chemins de la réussite ou de l’échec ? Chercheur en psychologie du sport, Julien Bois nous livre son expertise.

Cela paraît une évidence, et pourtant… La vie d’un parent de sportif ne s’apparente pas toujours à un long fleuve tranquille. Ce n’est pas parce que vous sacrifiez cinq heures de votre emploi du temps le dimanche pour conduire votre enfant à une compétition, que ce dernier doit forcément vous ramener la coupe du vainqueur en guise de récompense.

« Une défaite ou une élimination au premier tour peut être source de frustration pour un parent qui a le sentiment de s’être beaucoup investi auprès de son enfant », concède Julien Bois, enseignant chercheur en psychologie du sport à l’université de Pau. « Mais si ce parent fait la tête, en veut à son enfant ou cherche à le culpabiliser, il renvoie comme message que sa relation affective est liée aux résultats sportifs. »

Or, l’amour d’un parent pour son sportif en herbe ne peut pas découler de cela. Il est forcément inconditionnel. Dans la victoire comme dans la défaite…

On les a tous vus au moins une fois, ces papas ou ces mamans hurlant des conseils à leurs enfants au bord des terrains de sport au point, parfois, d’étouffer la voix du coach. Dans un univers où un niveau de pratique élevé suppose un investissement de plus en plus précoce chez l’athlète, il n’est pas rare de voir certains parents piétiner allégrement les plates bandes des entraîneurs.
« C’est une très mauvaise idée », estime pourtant Julien Bois« Car si on excepte les cas particuliers de ces parents ayant à la fois choisi de porter les casquettes de parents et d’entraîneur (comme Richard Williams le père des tenniswomen Venus ou Serena ; Walter Bartoli le père de Marion ; ou encore Suzanne la maman de la patineuse Surya Bonaly…), il est fondamental de distinguer ce qui relève du rôle du coach et de celui de parents. »

« Chacun doit rester à sa place. Il ne faut jamais critiquer le travail d’un entraîneur devant un enfant », rajoute le vice-président de la Société française de psychologie du sport.« Le parent est là pour encourager, apporter un soutien affectif, logistique. Mais aussi pour soutenir son enfant dans les périodes difficiles. » Ce qui n’interdit pas d’échanger de temps à autre avec le coach de son enfant afin d’envisager « comment les actions de l’un et de l’autre peuvent s’avérer complémentaires ».

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« J’ai toujours rêvé de gagner le Tour de France, alors tu feras du vélo, mon fils ! »

Le sport n’est bien évidemment pas le seul univers à être touché par le syndrome de la réussite par procuration. Que ce soit dans le domaine de la musique, du dessin, des études, on ne compte plus le nombre de ces enfants à avoir choisi une activité pour faire plaisir à leurs parents. Voire simplement pour écrire la fin d’une histoire qui n’a jamais commencé ou s’est mal terminée.

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« Lorsque des parents recherchent une certaine forme de reconnaissance au travers des réalisations de leurs enfants, le mécanisme de projection peut vite s’avérer douloureux », prévient Julien Bois. « Il y a le risque d’emmener un enfant à s’engager de façon excessive dans une activité qu’il n’a pas vraiment souhaitée. »

Avec toutes les dérives qui peuvent en découler. « Pour assouvir ce syndrome, certains parents peuvent parfois insister pour que leur enfant s’entraîne, même lorsqu’il est blessé. » D’autres peuvent même aller jusqu’à les déscolariser. La vraie question à se poser est la suivante. « Est-ce pour moi qu’il fait tout ça ou est-ce pour lui ? » Lorsque c’est la première réponse qui s’impose, les voyants sont au rouge. « Car ce que l’on doit rechercher, c’est l’épanouissement de l’enfant avant tout. »

Après avoir enchaîné une année de judo, puis une année de foot, votre petit dernier vous annonce qu’il veut se mettre au BMX. Et alors ? « C’est quelque chose qui peut s’entendre, estime Julien Bois. L’important, c’est que tout cela s’inscrive dans un cadre ». Car accorder de l’autonomie à son enfant, ce n’est pas, non plus, le laisser faire n’importe quoi. « Quand on s’engage pour une saison dans une discipline, on va jusqu’au bout. » On n’arrête pas le rugby au beau milieu de l’hiver sous prétexte que les terrains sont boueux.

« Plus les enfants sont jeunes et plus le côté ludique doit être déterminant. De 6 à 12 ans, c’est la période de l’échantillonnage. Ils peuvent multiplier les activités. De 12 à 14 ans, on passe à la période d’approfondissement. Le moment est venu de se concentrer sur une ou deux activités. À partir de 14 ans, on entre dans la période d’engagement spécifique. La dimension ludique doit rester présente mais on s’inscrit dans une logique plus compétitive. » Et la relation parents/enfants bascule alors dans le pilotage fin. « Surtout si l’enfant s’inscrit dans une démarche de haut niveau. Si le jeune se dit fatigué, veut sauter un entraînement, il ne faut pas s’inscrire dans une logique trop directive. Mais il faut trouver le juste milieu car il y a aussi des jeunes qui ont la culture du zapping et qui peuvent avoir tendance à laisser filer dès que cela devient difficile. »

On a parfois tendance en France à estimer que les victoires se construisent, avant tout, dans l’apprentissage de l’échec et de la défaite. « On est dans une culture où on a tendance à penser que quand on valorise quelqu’un, il va se reposer sur ses lauriers, déclare Julien Bois. Mais c’est un travers qui nous empêche de donner confiance aux enfants. Soutenir la compétence, c’est aussi savoir dire à un jeune quand il a bien fait les choses. C’est ce qui va lui permettre d’identifier ce qu’on attend de lui en terme de réussite. » D’autant qu’il en va du sport comme dans la vie.

Quand on ne s’amuse plus, l’horizon devient d’un seul coup beaucoup moins attractif…

Source : Yves Gourmelon / l’édition du soir / SPORT

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